Le stade du Maracanã est le légendaire stade de football brésilien. Il fut inauguré à Rio de Janeiro le 16 juin 1950, à l’occasion de la quatrième Coupe du Monde de la FIFA.
Initialement baptisé Estadio jornalista Mario Filho, ce stade mythique était prévu pour accueillir 155 000 personnes. Il a de fait longtemps était considéré comme étant le plus grand stade du monde et c’est un patrimoine que les Cariocas revendiquent autant que le Corcovado, le Pain de Sucre ou la plage d’Ipanema.
Un accouchement dans la douleur
C’est le 20 Janvier 1948, jour de la Saint Sébastien, le Saint patron de la ville de Rio de Janeiro, qu’a été posé la pierre inaugurale des travaux.
Mille cinq cent ouvriers se sont dès lors relayés jour et nuit pour construire l’édifice en 22 mois, ce qui est en soi un premier exploit ! Comme quoi, la légendaire dilettante carioca, tellement raillée par les Brésiliens, ne résiste pas à la passion du football… et du carnaval !
C’est finalement le 16 Juin 1950 (8 jours avant l’ouverture de la Coupe du Monde…) que le stade a été inauguré sous la houlette du préfet, le Général Mendes de Moraes.
Les espérances d’une première victoire en Coupe du Monde à domicile étaient alors immenses.
Un mois plus tard, à l’occasion de la finale de la Coupe du Monde 1950, le record d’affluence de supporters pendant un match de foot fut pulvérisé. Tout semblait augurer un moment inoubliable pour le peuple brésilien…
Malheureusement, c’est à une défaite navrante du Brésil face à l’Uruguay (2-1) que les 199 854 spectateurs ont assisté. Drame national. Au Brésil, le 16 Juillet 1950 est un jour maudit.
La Seleção 2014 sait dès lors ce qui lui reste à faire pour racheter l’honneur des Anciens.
Un patrimoine national et plus encore
Ce stade est un musée vivant. Il évoque à lui seul toute la magie du football brésilien.
Le Maracanã, c’est les 300 buts de Zico, les 1000 de Romario, c’est l’ambiance incroyable de la Copa Carioca et les inoubliables duels fratricides entre Flamengo et Fluminence (les fameux Fla/Flu)…
C’est aussi la défaite de 1950. Et dans un pays pacifiste comme le Brésil, un pays sans grande guerre ni révolution, 1950 vaut bien l’armistice français de 1940 : une déroute dont on n’a pas fini de parler !
Pour un fan de foot, le stade du Maracanã est au football ce que le Vatican est à un catholique. Et tout bien réfléchi, vivre un match là-bas, c’est assister à une messe en plein air ! Ça résonne de partout ! La ferveur quasi religieuse du public nous transporte dans un espèce d’état second !
Le miroir de Rio
C’est dans ce grand stade, que l’on peut capter encore aujourd’hui l’essentiel de l’âme des habitants de Rio, cette ville si marquée par les contrastes.
Les jours de Fla/Flu, le stade du Maracanã réconcilie intellectuels et analphabètes, millionnaires et miséreux. On rencontre aussi bien le galérien édenté qui se ruine pour pouvoir applaudir son Mengo que le bourgeois d’Ipanema, transfiguré dès que son Fluminense entre sur le terrain…
Tous les contrastes et contradictions du Carioca sont au rendez-vous au stade du Maracanã. Et tout le monde y trouve sa place : jeunes, femmes et vieux côtoient poivrots, militaires et nouveaux riches de Rio. Des femmes survoltés hurlent « Men-Go », d’autres leurs renvoient un « Nen-Se ».
Au milieu de cette pagaille sans nom, les gringos se font faire les poches par des pivetes aussi habiles balle au pied qu’avec leurs mains…
Bienvenue au Maracanã ! Vainqueur ou vaincu, on n’est pas venu pour rien !
J’ai vu 120 000 personnes sauter en même temps dans ce stade, et je peux vous assurer que le stade tremblait ! Ça m’a coûté un extra de 30 balles…
Avec sa nouvelle rénovation et sa capacité réduite de 83 000 places assises à 78 838 pour la Coupe du Monde 2014, adieu les travées rudimentaires qui pouvait accueillir 200 000 personnes en ébullition.
Autant dire qu’une partie du charme s’est envolée au profit de la sécurité… Romario résume bien : « Il est conforme aux attentes : joli et… totalement défiguré! ». Et le tout pour la modique somme de 400 millions d’euros…
Mais ce qu’on enlèvera jamais au stade du Maracanã, c’est cette magie si singulière enfantée par le trop plein d’âme de ses supporters.
Ils ont pour eux cet humour empli de dérision, cette faculté à sourire de leurs propres malheurs, ce côté passionnel, si authentique, qui se reflète dans la ferveur des regards d’un bout à l’autre du stade, quelque soit l’origine sociale.
Le stade du Maracanã est un miroir de Rio, cette ville atypique ou s’alternent paysages splendides, quartiers bourgeois, ghettos de riches et tristes favelas.
On y croise un peuple varié, insaisissable, fascinant, volontiers simulateur dans l’âme mais toujours d’une sincérité confondante dès lors qu’il est question de sa « Team » ou sa « Seleção« …
Pour les amoureux du ballon rond, vivre un match de Coupe du Monde au Maracanã, c’est l’apothéose d’une carrière de supporter.