Les chutes d’Iguaçu sont parmi les plus larges au monde. Elles s’étalent sur 275 cascades, hautes de 50 à 90 mètres, qui forment une gigantesque frontière liquide, large de 2700 mètres, séparant le Brésil de l’Argentine (et même le Paraguay, un poil plus haut). C’est un endroit majestueux, au cœur de la forêt tropicale atlantique.
Une des sept merveilles de la nature
Le parc national des chutes d’Iguaçu a été créé en 1934 à la triple frontière du Paraguay de l’Argentine et du Brésil. Mais c’est seulement dans ces deux derniers que l’on peut voir les fameuses chutes, inscrites dans le Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1986.
Les chutes d’Iguaçu n’ont rien à envier aux chutes Victoria (130 m de haut pour 1500 m de large) au Zimbabwe et encore moins aux célèbres chutes de Niagara (54 m de haut pour 1 km de large) à la frontière du Canada et des États-Unis.
Aujourd’hui, près d’un million de personnes visitent chaque année les parcs d’Iguaçu, entre Puerto Iguazu (province de Misiones, Argentine) et Foz do Iguaçu (État du Paraná, Brésil). C’est à ce jour le site le plus visité en Argentine et son influence s’intensifie depuis que ce site a été nominé en 2011 parmi les 7 merveilles de la nature.
Avec plus de 1500 mètres de promenades aménagées, il faut bien avouer que les infrastructures des parcs sont particulièrement bien dotés, peut être plus encore côté argentin. Quoi qu’il en soit, il est vivement recommandé de prendre au moins 2 jours pour visiter les deux parcs nationaux.
Après tout, ne dit on pas dans cette région que « les Argentins fournissent les chutes et les Brésiliens profitent de la vue! » ?
Des couloirs bien aménagés permettent de se rendre au cœur des cataractas. Toutefois, pour éviter tout désagrément, il faut s’équiper pour la pluie et prendre soin à bien protéger son appareil photo.
Le circuit supérieur suit le sommet des chutes de Puerto Canoas à la Gorge du Diable. L’eau dégringole de plus de 80 mètres de haut. Ces masses d’eau échouent violemment dans un large gouffre. Ce phénomène engendre une sorte de pluie fine permanente, propice à la formation de magnifiques arcs-en-ciel.
Les nuages d’embruns qui se dégagent des chutes d’Iguaçu favorisent la croissance d’une végétation luxuriante. Les chutes sont d’ailleurs l’extrémité d’un parc naturel comprenant 67 000 ha de forêt tropicale. C’est à peu près tout ce qu’il reste de la forêt atlantique…
Et quelle forêt ! Plus de 2000 espèces végétales (dont 60 variétés d’orchidées), plus de 80 mammifères (jaguar, coatis, tapirs, loutres géantes, singes, etc.), des caïmans, des toucans, des aras, des geais sans compter les 200 espèces de papillons répertoriées.
De nombreuses pistes s’enfoncent dans cette forêt tropicale très humide et diversifiée, si bien que faune et flore font partie intégrante de ce merveilleux paysage. C’est entouré de coatis, de caciques à bandes rouges et de nuées de papillons que les touristes du monde entier arpentent cette merveille de la nature.
Origines mythologiques des chutes
Pour les occidentaux, les chutes d’Iguaçu sont le résultats d’accidents géologiques remontant à la nuit des temps.
Il y a fort longtemps (environ 300 millions d’années), tous les continents étaient regroupés en un super-continent : la Pangée. Or, il y a 120 millions d’années, une intense activité volcanique a engendré une rupture de la Pangée en provoquant la séparation de l’Afrique et de l’Amérique du Sud. Iguaçu est un stigmate de la violence de cette rupture.
Les Indiens Guaranis ont une toute autre version :
Autrefois, chaque année, tous les villages Guarani se réunissaient à Iguaçu et organisaient un sacrifice à M’Boi, le dieu serpent, en lui offrant la plus belle fille de leur peuple.
Vint le jour où Naipi, la fille du cacique, fut désignée comme étant la plus belle d’entre toutes. Mais Naipi, dans le secret de la nuit, avait déjà offert son cœur à Tarobà le guerrier. Or, la veille du sacrifice, alors que tous s’enivraient pour honorer les noces du dieu Serpent, la belle Naipi et le jeune Tarobà s’enfuirent à la rame.
On raconte que le terrible M’Boi fut réveillé par le bruit du bateau glissant sur l’eau. Dans son courroux, il créa une énorme dépression en fracassant le lit de la rivière de sa puissante queue.
Les amants disparurent dans un gouffre et c’est ainsi que naquirent les chutes d’Iguaçu.
La belle Naipi fut transformée en rocher tandis que Tarobà le téméraire fut transformé en palmier, bien en amont des chutes. Ainsi, Taroba fut condamné pour l’éternité à regarder sa dulcinée sans jamais pouvoir la toucher.
Quant au Dieu M’Boi, il prit refuge dans la grotte sous le palmier et rit encore du sort qu’il infligea aux deux amants. Seul le bruit des chutes masque son rire sadique. Mais parfois, pendant les périodes de grande sécheresse, si l’on tend bien l’oreille, on peut encore entendre les larmes des amants et le sifflement du serpent.
Et c’est ainsi que les Guaranis ont appris à écouter les rires et les pleurs de la nature.